Le Neubourg (27), opération « AP-167 » près du collège : étude anthracologique

Ce document présente les résultats de l’analyse anthracologique de treize
prélèvements réalisés lors de l’opération archéologique AP167 près du collège sur la commune Le Neubourg (27). Les charbons ont été prélevés à l’intérieur de différentes structures attribuées aux périodes protohistoriques, antiques et mérovingiennes.
L’opération archéologique a été réalisée par la Mission archéologique
départementale de l’Eure sous la direction de M. WECH. L’étude a été commandée par M. WECH, responsable d’opération, avec l’accord de son directeur M. VIAND.

Cette étude vient apporter des éléments d’interprétation sous l’angle des vestiges ligneux. 516 charbons ont été étudiés pour 13 lots provenant de sept structures différentes.

Neuf taxons anthracologiques ont été identifiés dans cette étude. Les taxons les plus utilisés sont par ordre d’importance : le chêne (Quercus sp.), le hêtre (Fagus sylvatica), le chêne-châtaignier (Quercus sp. – Castanea sp.), le noisetier (Corylus avellana), les familles des Prunoïdées, des Pomoïdées puis dans une moindre mesure le charme (Carpinus betulus) et le saule (Salix sp.). Notons que les derniers taxons ne sont représentés que par quelques occurrences.

1. Les ensembles anthracologiques des structures protohistoriques :
hypothèse de fosses à charbonnage ?

L’étude des compositions anthracologiques mais aussi la description archéologique des quatre structures (parois rubéfiées, formes rectangulaires, profondeur) montrent beaucoup de similarités (cf. Fig. 1). Ces structures correspondent donc probablement à un même système technique en liaison avec une activité de combustion.
Au niveau anthracologique, les ensembles sont constitués presque exclusivement par des restes de bois de chêne de moyen et gros calibre. Quelques fragments de chêne et de Pomoïdées de petit calibre pourraient avoir été utilisés pour l’allumage dans les structures FR 180 et FR 119.
De plus, le bois de chêne semble avoir été brûlé à l’état « vert » car de
nombreuses fentes de retrait sont observées sur les fragments.
L’absence de « gros charbons » (peu de charbons sont supérieurs à un centimètre) est aussi à noter. D’après les courbures de cernes observées, ce sont pourtant des bois d’assez gros calibre qui ont été utilisés. Ce constat pourrait s’expliquer par des effets « mécaniques » du contexte de sédimentation. Mais on peut aussi émettre l’hypothèse d’un « tri » des plus gros charbons lors du désenfournage puis une récupération des plus gros éléments liés par exemple à des pratiques de charbonnage. Ce type de fosse de charbonnage protohistorique a par exemple été décrit dans une
étude menée par l’Inrap (Hamon, 2014) sur la commune de Quévert (22).

2. Les ensembles anthracologiques des structures mérovingiennes :
restes de bois d’allumage ?

Neuf taxons ont été identifiés pour l’ensemble des cinq lots. Parmi ces taxons, le noisetier, le genêt, le prunellier (Prunus sp.), les Pomoïdées, le chêne et le hêtre sont régulièrement détectés. Plus ponctuellement le charme et le saule ont aussi été détectés.
Les feuillus à bois tendres tels que le saule et le bouleau flambent bien et
rapidement, mais leurs braises durent peu. Ils n’ont que peu d’intérêt en tant que bois de chauffage ou combustible, si ce n’est leur utilisation pour le démarrage du feu. Les feuillus durs (ex. chêne, hêtre, châtaignier, Pomoïdée, Prunoïdée, charme), plus denses, se consument plus lentement et dégagent davantage de chaleur à condition qu’ils soient bien secs. Ce sont donc de meilleurs combustibles.
Une part importante des compositions anthracologiques semble provenir de brindilles et de bois de petit calibre. Seuls des fragments de chêne et de hêtre proviennent de bois de plus gros calibre. La détection de nombreux fragments provenant de bois de petit calibre pourrait être liée à des choix d’ordre « technique ». Ils sont d’une part plus faciles à couper et à collecter. D’autre part, ce type de bois produit une combustion intense et rapide, ce sont généralement des bois utilisés pour l’allumage. Quelques morceaux de bois de chêne et de hêtre de moyen calibre ont pu être utilisés pour la montée et l’entretien des combustions.

Le calcul de l’indice de Pareto sur les différents lots indique systématiquement que les compositions anthracologiques ont fait l’objet de ramassages sélectifs, conséquences probables de « choix techniques » (ex. choix d’essences et de calibres de bois particuliers lors de phases d’allumage).
Nous constatons que les restes des bois destinés à alimenter la combustion
apparaissent sous-représentés par rapport aux bois ayant servi lors de la phase d’allumage. Il pourrait s’agir d’une particularité liée au  fonctionnement de la structure de combustion.

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