Fontenay-le-Marmion (14) – Fouille de ” la Grande Pièce ” – étude anthracologique

charbon_chêne_anthracoLa fouille a été menée sous la responsabilité de  P. Giraud, archéologue du Service Départemental d’archéologie du Calvados.

Des volumes de sédiments conséquents ont été prélevés sur le terrain afin d’être tamisés en laboratoire. Les prélèvements ont été faits pour chaque structure présentant des niveaux charbonneux. Le tamisage a été réalisé sur des mailles de 0,5mm.
Les restes anthracologiques proviennent de 18 structures divisés en 22 lots.

Les résultats montrent globalement une diversification des groupements. En effet, dans les structures correspondant au Bronze moyen, les approvisionnements sont constitués exclusivement par des ramassages en forêt. On voit ensuite apparaître des associations anthracologiques de formationsa rbustives à partir du Bronze final ( st. 45, 38 et 135) puis de landes-fourrés au Bronze final-début Hallstatt (st. 1076 et 1063). Contrairement à ce qui est généralement constaté sur le Massif armoricain, ces associations anthracologiques de landes ne sont ensuite plus détectées dans la structure 1010 attribuée à la Tène ancienne.
Ces associations de landes sont carcatéristiques de recolonisations végétales des espaces ouverts et généralement appauvris après l’exploitation agricole. Le substrat rocheux calcaire est cependant peu favorable au développement de ces landes-fourrés. On peut donc supposer que ces landes se seraient développées sur des terres plutôt acides ou rendues acides, redevenues ensuite neutres à basiques.
La diversification du nombre de groupements anthracologiques peut être liée à des changements environnementaux issus d’actions anthropiques sur les paysages (ex: succession de défrichements, exploitations agricoles, puis recolonisation végétale après abandon entraînant alors une mosaïque végétale plus hététrogène) mais aussi à la durée d’utilisation des foyers rendant la superficie des aires de ramassages d’autant plus grande. En revanche, des choix technologiques d’utilisation des foyers peuvent diminuer le nombre de taxons anthracologiques rencontrés. Les ramassages dans des boisements hygrophiles sont quant à eux ponctuels mais réguliers à travers le temps (st. 135, 1076, 66 num_us1, 54) ce qui attesterait la persistance d’une zone humide dans le secteur durant toute la protohistoire.
Les mesures dendrologiques ont permis de constater une augmentation globale de la largeur moyenne de cerne à travers le temps. Ce résultat indique que les conditions de croissances des arbres sont devenues de plus en plus favorables dans le secteur de Fontenay-le-Marmion depuis le Néolithique jusqu’à l’Age du Fer. Ce phénomène est généralement interprété comme la conséquence de l’ouverture du paysage. Il est probable que les paysages végétaux qui environnaient le site durant la Prothistoire présentaient une mosaïque végétale hétérogène, constituée d’une végétation globalement ouverte si l’on en croit les faibles taux de pollens d’arbres détectés par D. Barbier et les largeurs de cernes importantes. Dans le même temps, quelques lambeaux de forêts encore très dense persistaient, puisque des largeurs de cernes très étroites ont pu être mesurés durant l’Age du Bronze final-début Hallstatt. Cette hétérogénéité du paysage mais aussi la détection de taxons de landes, constituent les indices anthracologiques d’un paysage largement anthropisé dès la fin de l’Age du Bronze-début Hallstatt.

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