L’opération archéologique a été réalisée par le service archéologique de la Mission
Archéologique Départementale de l’Eure sous la responsabilité de Monsieur P.
WECH. L’étude a été commandée par Monsieur Ph. FAJON du Service Régional de
l’Archéologie de Normandie et Monsieur O. BOURHIS du service « Aménagement
urbain et paysage » de la Ville d’Evreux.
Les prélèvements ont été réalisés dans des niveaux de comblement en périphérie
des remparts de la ville. Ils sont datés du XVIe siècle.
Les trois échantillons étudiés se sont révélés positifs et ont permis unes description paléo-paysagère.
La proportion entre les taux de pollens d’arbres et taux de pollens de plantes
herbacées reste semblable. On constate environ 15% à 25% de pollens d’arbres
pour les trois prélèvements. Ce constat pourrait correspondre à un paysage ouvert
à proximité du site et boisé dans des secteurs mieux drainés et un peu plus
éloignés de la ville.
Les taxons d’arbres identifiés permettent d’interpréter la « chênaie-hêtraie » et la
« chênaie diversifiée » (chêne, hêtre, orme, tilleul, charme, noisetier, bouleau).
Des pollens d’aulne, de saule et de peuplier proviennent vraisemblablement de
boisements hygrophiles situés à proximité de l’Iton. Néanmoins, l’interprétation
spatiale de ces groupements de zones humides est complexe, car les pollens
peuvent avoir été transportés par la rivière depuis des secteurs éloignés,
potentiellement depuis l’ensemble du bassin-versant.
On note aussi des taux réguliers du bouleau et du noisetier, taxons caractérisant
des boisements clairs. On les trouve potentiellement dans la plupart des
écosystèmes, même s’ils restent avant tout des arbres pionniers par excellence. Ils
profitent donc peut-être d’espaces en déprise agricole pour se développer.
D’un point du vue qualitatif, ces associations forestières sont cohérentes vis à vis
des compositions polliniques identifiées dans la région pour cette période. La
détection à la fois du chêne, du hêtre, du charme permet de caractériser la seconde
partie de la période Subatlantique du nord-ouest de la France (Gaudin, 2004).
En ce qui concerne les végétations herbacées, on identifie une mosaïque paysagère
hétérogène sous l’influence des activités humaines.
On constate tout d’abord des végétations de cultures : les céréales dont le seigle, le
lin, le chanvre ou le houblon. Notons que ces attestations palynologiques ont toutes
été corrélées par les résultats carpologiques, excepté pour le houblon (com. pers.
P. Wech). Les taux de céréale sont assez importants (environ 5% dans l’US 21)
pour ces cultures qui produisent et diffusent relativement peu de pollens. On peut évoquer la proximité de systèmes techniques associés au traitement des céréales
(ex. battages, stockages?) pour expliquer ces taux. La détection de pollens de
chanvre pourrait être liée au traitement des fibres végétales dans les environs.
D’autres groupements végétaux ont été identifiés tels que les végétations de
friches et jachères, de prairies hygrophiles à mésophiles pâturées, mais aussi de
végétations rudérales caractéristiques des zones d’habitations, de chemins, de lieux
de pacages.
Enfin, l’identification de quelques pollens de plantes aquatiques montre l’existence
de zones inondées, parfois profondes, en liaison avec l’Iton. Là non plus, il n’est
pas possible de localiser précisément l’origine de ces végétations.