L’étude anthracologique porte sur les échantillons du site les cinémas C.219.1 (nécropole « gauloise »), chantier dirigé par D. JOLY. Ce rapport vise à compléter et terminer l’étude des charbons de la nécropole du site du « Cinéma 2 » traité en 2012.
Cette étude complète les résultats déjà effectués les années précédentes sur le site des Cinémas et plus particulièrement les résultats de la « nécropole gauloise » (2012) puisque l’ensemble des lots étudiés proviennent de contextes funéraires attribués à la fin de la période gauloise (seconde moitié du 1er s. av. J.-C.).
Le taxon dominant est le chêne qui est pratiquement détecté dans tous les lots. On constate dans une moindre mesure la présence du hêtre dans 2 lots (PLV 217 et 710). Les Pomoïdées, le saule et le genêts sont plus rarement détectés. (Pomoïdées dans le prélèvement 229, le saule dans le prélèvement 217 et le genêt dans les prélèvements 316, 317, 318 appartenant à la même US).
Hormis le saule et le genêt on retrouve donc le même ensemble de taxons détectés en 2012.
Le bois de chêne et de hêtre, généralement du bois de fort calibre, a probablement été utilisé comme bois « d’entretien » des foyers. Les autres taxons (Pomoïdées, Genêts et Saules) correspondent à des bois de plus petits calibres et ont probablement été utilisés pour l’allumage des foyers.
Dans plusieurs lots, on a pu constater des charbons de chêne avec des fentes de retrait (PLV 180, 207, 223, 286, 732, 319, 338, 708, 711, 730). Nous avions déjà fait ces observations en 2012 dans les PLV (808, 809, 810, 813). Ce constat est généralement interprété comme la combustion de bois « vert ».
Au regard de la répétition de ces observations, il est donc tentant de rapprocher ce constat avec le contexte funéraire. Ainsi, il est probable que les funérailles nécessitaient la mise en oeuvre de foyers (crémations et autre..) passant par une collecte de bois « vert » liée à l’urgence de la situation ou bien à des aspects techniques ou traditionnels qui nous échappent?
Nous avons par ailleurs constaté plusieurs charbons d’aspect dur-luisants. Ils sont associés à des combustions en contexte anaérobie synonymes de contextes « confinés » (ex. fond de foyer) et de hautes températures. On a pu constater ce type de combustion notamment dans les prélèvements 285, 286, 292, 296,299, 302, 224 ce qui vient compléter les résultats des prélèvements 820 et 810 déjà constatés en 2012.
Les mesures de largeurs de cernes réalisées en 2013 recouvrent globalement les résultats de 2012 (cf. Figure 52). Les moyennes observées vont de 0.85 à 2.3mm alors que nous avions observé des moyennes allant de 3 à 1,09 mm en 2012.
Ces résultats reflètent une diversité importante des contextes de croissance des chênes (il y a à la fois des milieux ouverts et fermés), conséquence probable de dynamiques végétales qui pour certaines sont en cours de résilience et d’autres soumises aux activités humaines.
A noter que la courbe de régression qui montrait une ouverture du paysage pour les contextes plus récents (antiques, étude 2011), ne cadre pas avec les résultats obtenus dans les contextes funéraires gaulois. On peut probablement expliquer cela par le fait que les charbons proviennent de systèmes techniques différents : bois d’oeuvre et/ou rejets artisanaux pour les structures antiques alors que nous avons probablement affaire à des ramassages dont le but premier était d’alimenter des foyers pour les contextes gaulois. Cette différence se répercute aussi sur les aires de ramassages, probablement plus éloignées et plus larges pour les contextes antiques compte-tenu des exigences des bois recherchés (bois de hêtre pour les fours de potier, bois de gros calibre pour le bois d’oeuvre).
En ce qui concerne les contextes funéraires gaulois, l’observation d’espèces ‘annexes’ tels que le saule, les Pomoïdées, le genêt, bois de petits calibres et à priori la combustion de bois verts semblent conforter l’hypothèse de ramassages de « tout venant » et davantage locaux.
La forte hétérogénéité des contextes de croissances obtenue par les mesures dendrologiques (figure 52) montre des densités de végétations diversifiées. On peut supposer que des associations de landes-fourrés, ‘bois ouverts’, ‘bois fermés’ devaient former une mosaïque végétale hétérogène dans les environs de la nécropole, résultat probable des activités humaines.
Rappelons enfin que la base du diagramme pollinique de Mendes-France (BONNIEL-VEYRON., 1996) datée de façon relative au Haut-empire ne montre que très peu de pollens de chêne. On peut donc penser que l’ouverture du paysage n’a cessé de se poursuivre jusqu’à la période romaine.