La fouille a été réalisée par le Conseil général du Val-de-Marne sous la direction de Vanessa Maret. Le diagnostic a révélé de nombreux vestiges archéologiques attribuables au premier et second âges du Fer, au Moyen Âge et à la période moderne.
Cette étude vient apporter des éléments d’interprétation du site sous l’angle des charbons de bois. Les charbons ont été retrouvés dans différentes structures du site : fosse, fossés, foyers, trous de poteaux.
Si les structures en fosses et foyers se sont révélés riches en charbons (ex. structures de la fosse polylobée), les trous de poteaux ainsi que le fossé d’enclos présentaient moins de charbons. Néanmoins un total d’environ 600 charbons a pu être observé.
Les taxons dominants sont le chêne, les Pomoïdées et dans une moindre mesure le hêtre. Ainsi on retrouve cette association dans la plupart des structures (ex. PLV50, 31, 32, 21, 35, 42 4..).
Cette association « chêne – Pomoïdée », voire « chêne-hêtre – Pomoïdées » s’explique probablement par des raisons techniques car les bois de Pomoïdées, généralement de petits calibres sont intéressants dans la phase « d’allumage » des feux. Les bois de hêtre et de chêne de plus gros calibres, sont quant à eux plus spécifiques à la phase « d’entretien » du feu.
Hormis ces trois taxons, le Prunus, l’érable, l’orme, le saule, l’aulne, le genêt, le noisetier et le bouleau ont aussi été identifiés.
La présence de ces différents taxons a permis d’identifier potentiellement les associations écologiques suivantes :
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les boisements hygrophiles (Alnus sp., Salix sp., Ulmus sp., Betula sp.) détectés dans les prélèvements (21 et 35 : fosse polylobée F5) ,
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les landes-fourrés, lisières forestières (Pomoïdées, Genistae, Prunus sp.) : les Pomoïdées sont détectés dans la plupart des prélèvements
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la chênaie-hêtraie (Quercus sp., Fagus sp. Ulmus sp., Acer sp.) : détecté dans l’ensemble des prélèvements
Dans plusieurs lots, on a pu constater des charbons de chêne avec des fentes de retrait (PLV 3, 55, 22, 16). Ce constat est généralement interprété comme la combustion de bois « vert ».
En revanche, nous n’avons pas ou peu constaté de charbons d’aspect « dur-luisants ». Ils sont associés à des combustions en contexte anaérobie synonymes de contextes « confinés » et de hautes températures (ex. fonds de foyers, fourneaux). Les charbons que nous avons observés ne sont donc pas issus de combustions en rapport avec l’usage de la métallurgie.
La structure polylobée (F5), riche en charbons, a fait l’objet de plusieurs prélèvements. La composition anthracologique des lots a permis de discerner deux ensembles de lots :
Un premier ensemble (PLV21, PLV35 : US9 ; PLV58 : US8) se caractérise par des restes charbonneux présentant une importante diversité, résultats probable de combustions de bois de « tout venant ». Ces lots pourraient correspondre à des restes de foyers domestiques.
Un autre ensemble rassemble des lots avec des charbons montrant des caractères plus homogènes (faible diversité taxonomique : « chêne – hêtre – Pomoïdées », faibles écart-types dans les distributions de mesures de largeurs de cerne, faibles moyennes de largeurs de cernes). Ces lots pourraient être issus de foyers « artisanaux ».
Les mesures de largeurs de cernes ont été réalisées sur la plupart des lots. Les moyennes observées vont de 1,69 à 3,8 mm. Nous avons tenté de mettre en relation des largeurs moyennes observées en fonction du temps (les attributions chronologiques des structures ont été approximées en « datations absolues » pour les besoins du graphique.)
Il y a une très légère tendance à l’augmentation des moyennes entre les valeurs obtenues pour les structures F.3 (le silo), F.5 (structure polylobée) et les valeurs obtenues pour les structures F.45 et surtout F.19 (3,16mm).
Les calculs réalisés pour la structure polylobée montrent des valeurs supérieures (valeurs de 2,1mm à 3,8mm).
Si cette légère évolution peut traduire des conditions de croissances plus favorables et donc peut être un éclaircissement général des boisements environnant le site entre le Hallstat ancien et la fin de la Tène, les valeurs obtenues pour la fosse polylobée tendraient à décrire des aires de ramassages du bois déjà bien ouvertes au cours de la transition bronze final IIIB et Hallstatt ancien alors que dans le même temps les restes du silo (F3) montrent des ramassages dans un boisement fermé. Il est probable que nous ayons affaire là à un paysage de densité forestière contrastée.
Est ce un effet lié à l’aire de ramassage ? Les études palynologiques pourraient apporter des éclaircissements intéressants à ce sujet.
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