Hérouvillette (14) : Opération de la RD 513 – étude palynologique

Cette étude présente les résultats de l’analyse palynologique de dix prélèvements réalisés lors de la fouille du site de Hérouvillette (14), opération archéologique de la RD513. Les prélèvements ont été réalisés dans des structures attribuées aux périodes
antiques et de La Tène.
Ce rapport fait suite a une pré-étude qui visait à estimer le contenu palynologique de quinze prélèvements. Seulement dix prélèvements ont été retenus.
Le site a été fouillé par le service départemental d’archéologie du Calvados sous la
direction de Monsieur Jan VERNON. L’étude a été commandée par le service avec l’accord
de sa directrice Madame Nicola COULTHARD.

Les dix prélèvements étudiés permirent d’obtenir des diversités (ex. 12 à 21 taxons par
échantillon) et des concentrations polliniques (210 à 1208 grains/cm3) assez faibles,
mais somme toute attendues pour ce type de contexte sédimentaire.
Les structures étudiées ne sont à priori pas restées saturées en eau, aussi l’oxydation des
pollens et des conservations différentielles affectent les résultats (ex. sur-représentation
des pollens de Cichorioïdées, des spores monolètes et trilètes).
Compte tenu des conservations différentielles observées, il est difficile d’interpréter
pleinement les valeurs quantitatives des résultats.
Ainsi, les taux de pollens d’arbres calculés sont globalement très faibles (presque
systématiquement inférieurs à 5%) ce qui correspondrait à des paysages très ouverts. Ce
constat reste assez cohérent avec les résultats obtenus par ailleurs dans la région. Ainsi
L. Lespez (2005) constate qu’ « à partir de l’Age du Fer, la végétation arborée et
arbustive (chênes, noisetiers) devient très faible » en prenant pour exemple la Mue, à
l’ouest de Caen. Néanmoins, dans le cadre de cette étude, au regard des problèmes de
conservation et de représentativité évoqués, nous ne pouvons complètement affirmer
cette hypothèse.
En revanche, l’étude des associations polliniques a permis d’identifier des groupements
végétaux avec plus de fiabilité et ainsi de décrire les grands traits des paysages
végétaux.

La comparaison des compositions polliniques obtenues à l’intérieur des différentes
structures ne permet pas de percevoir de modifications paysagères majeures. Les
différences sont probablement davantage liées aux fonctionnements et aux dynamiques
sédimentaires propres à chaque structure plutôt qu’à de réels changements de paysages.
Même si les pollens d’arbres sont rares, les taxons identifiés permettent d’identifier la
« chênaie diversifiée » (chêne, tilleul, charme, noisetier, bouleau). Quelques pollens
d’aulne et de peuplier proviennent vraisemblablement de boisements hygrophiles, peut être depuis la zone alluviale de l’Orne.
D’un point du vue qualitatif, ces associations ne sont pas incohérentes vis à vis des
compositions polliniques identifiées dans la région pour la période du début du
Subatlantique. Citons les exemples des études polliniques de la vallée du Dan à Blainvillesur-
Orne par D. Barbier (2011), de la vallée de la Mue par M. Clet-Pellerin ( L. Lespez et
al., 2005), de la péninsule de la Hague par M. Clet-Pellerin (L. Lespez et al., 2004). On note tout de même l’absence de certains taxons régulièrement détectés dans ces autres
études comme l’orme et le hêtre.
Des végétations de cultures associées aux groupements de friches et de jachères mais
aussi de prairies hygro- à mésophiles pâturées suggère un paysage environnant marqué
par les pratiques agro-pastorales.
Des pollens « Cerealia type » (Figure 9) ont régulièrement été détectés, en plus
d’attestations de Cannabis/Humulus (Figure 7) dans plusieurs échantillons.